Décousus

« Pour comprendre les mondialisations, celles d’hier et celle d’aujourd’hui, rien ne vaut l’examen d’un morceau de tissu. Sans doute parce qu’il n’est fait que de fils et de liens, et des voyages de navette. », écrit Erik Orsenna dans Voyage au pays du coton (2006).
Sans doute aussi parce qu’aux quatre coins de la Terre, les êtres humains s’habillent avec ces morceaux de tissu. Pratique quotidienne qui nous lie, elle nous permet aussi de façonner notre identité, de nous présenter au monde et ainsi, de nous intégrer, de nous distinguer. Mais à quels coûts ? C’est la question posée par les jeunes de PAC(O), en collaboration avec Carla da Silva et Vanessa Riera. L’exposition « Décousus » cherche à sensibiliser le visiteur, à dénoncer les dérives de l’industrie textile, et à questionner le rapport de chacun et chacune au vêtement.

Adrien, Akeo, Altess, Amil, Anais Farinha, Boby, Bradlaun, Damien Golay, Kevin Kocher, Lucas, Salomé et Smog sont allé·e·s à rebrousse-fil, ils et elles ont décousu, pièce par pièce, bouton par bouton, fronce après fronce, des vêtements. A la mode aujourd’hui, démodés demain, ces habits ont été jetés avant même d’avoir été usés, parfois même sans jamais avoir été portés. Les éléments ont ensuite été nouvellement assemblés et photographiés dans une recherche d’abstraction, laissant toutefois apparaître une manche, une poche, un col, un passant…
 
L’exposition était visible pendant le mois de mai 2022 sur la plaine de Plainpalais et s’est terminée par une installation en collaboration avec la Coordination Textile Genevoise lors du finissage public le mardi 31 mai.

Après avoir obtenu son Master of Arts en « Photographie et Cultures Urbaines » à l’université Goldsmiths à Londres, Carla da Silva est revenue s’installer à Genève où elle exerce comme photographe indépendante et travaille sur des projets s’inscrivant dans une approche de sociologie visuelle, explorant des notions de communauté, identité et diversité humaine. A travers ses images, elle cherche à comprendre la complexité de l’être humain et de sa relation avec son environnement.

Le travail plastique de Vanessa Riera expérimente les « capacités » de divers textiles ainsi que le détournement de techniques de fabrication. Elle crée des pièces qui puisent leur source dans l’environnement : l’architecture, la nature, les mots, mais surtout l’humain. Souvent les œuvres produites (sculptures, structures, installations) prennent vie une fois que le corps les active. Au fil du temps sa conscience de l’impact de la production textile tant sur l’humain qu’au niveau des ressources naturelles l’a amenée à créer à partir de textiles récupérés ou fabriqués de manière artisanale.

© Vidéo: William Chalaby